mercredi 9 mars 2011

l'histoire de Proville-34-La résidence des Sources : nos ancêtres mérovingiens




Sur ce plan datant des années 1980 apparaissent à droite, de haut en bas, le nom du lieu-dit « le Crocq », connu de longue date, mais aujourd’hui inusité.
En revanche, l’appellation « les Sources » est toute récente. Elle fut appliquée à la résidence créée sur des terres agricoles situées entre la rue Fernand Legrand, prolongement provillois de la rue Bertrand-Milcent, autrefois chemin de Proville à Cambrai, et la rue de Noyelles.
Mais si l’on considère bien à la fois ce plan et d’autres éléments, il apparaît que le Crocq et les Sources constituent une unité géographique sur la rive droite de l’Escaut, à proximité de l’ancien moulin, et du marais de Proville.


Nous allons largement nous appuyer sur le riche compte-rendu réalisé en 1983 par l’archéologue Bernard Florin, intitulé « l’habitat du Haut-Moyen-Age en milieu rural dans le Nord-Pas-de-Calais », édité par le Centre Culturel de Cambrai et les Amis du Cambrésis.
Cet ouvrage traite sur 90 pages du site d’habitat de Proville.
Autres éléments du sommaire : le site d’habitat de Les Rues-des-Vignes (visitez l’archéosite !)…



Ci-dessus, une photo de mai 1979 (archives la Voix du Nord) relatant des fouilles réalisées à Proville, sur le site de construction de la résidence des Sources. C’est la perspicacité du correspondant local de presse, J.C. Annaert, qui permit d’alerter les services archéologiques avant que les puissants engins déjà engagés dans la réalisation de la voirie ne détruisent définitivement de précieux témoins d’une époque lointaine.
Une des photos prises par M. Annaert montrait une large excavation dans le sol calcaire. M. Gérard Champagne, passionné d’archéologie, avertit la direction régionale des Antiquités, réunit les éléments découverts (tessons, fragments de poterie au décor caractéristique de la période mérovingienne)  et entreprit les premiers relevés.


mercredi 23 février 2011

l'histoire de Proville-33-la villa gallo-romaine de la Marlière

LA VILLA GALLO-ROMAINE DE LA MARLIERE

Elle se situait dans un secteur propice à la culture du blé, à proximité de la rivière.
Sa présence a été attestée par les révélations de photographies aériennes qui marquent ses limites et surtout par la découverte de fragments de mosaïque.


En 1974 « la Revue du Nord-Université de Lille III » précise :
« Les fragments de mosaïque occupent une surface de 600 cm2 en 39 morceaux composés de 2 à 120 dés et 29 dés isolés. On retrouve huit teintes dans la composition du décor. Un peu plus de 30 localisations de mosaïques sont connues pour la Nervie* : 22 sur le territoire français (19 à Bavai, dont 7 sont conservées ; 3 à Famars –toutes perdues-) et 9 en Belgique dont 5 conservées. La plupart de celles-ci ont d’ailleurs été découvertes il y a plus d’un siècle et sont le plus souvent détruites, d’où l’intérêt accru des éléments de Proville qui constituent la seule découverte de ce genre dans le Cambrésis.
La mosaïque repose sur une assise de ciment rose dont la face inférieure est rigoureusement plane (épaisseur 2 cm). Les cubes sont enchâssés dans une couche intermédiaire de ciment blanc de 4 mm environ, un mortier rose les rendant solidaires.
En conclusion : une fouille de la villa de Proville semble indispensable afin d’étudier cette structure comme elle le mérite.
Base de datation : Haut-Empire et milieu du IVe siècle. »




*NDLR. Dès 1200 avant notre ère, des populations originaires du centre de l’Europe, les Celtes, occupent notre région. L’ « invasion » est quasi continue. En l’an -400 ce sont les Nerviens qui s’installent entre la Sambre et l’Escaut (ils constituent le socle de la population actuelle du Cambrésis). En 57 avant notre ère, Jules César, lancé à la conquête de la Gaule, maintient ses troupes sur le territoire des Nerviens. Les efforts de Vercingétorix pour unir les peuples celtes (autrement dit gaulois) est vaine. La défaite d’Alésia aboutit à la romanisation de la Gaule  en l’an -52.
Ordre et paix sont imposés dans l’ensemble de la Gaule par les nouveaux maîtres. Les Romains mettent en place un vaste réseau routier qui permet déplacements et échanges. Des villas, vastes exploitations agricoles installées dans des sites favorables, sont construites dans le Cambrésis selon des modèles romains. La culture des céréales et l’élevage de bétail sont privilégiés.






mardi 22 février 2011

l'histoire de Proville-32-La Marlière : un passé préhistorique et antique

(Toujours avec G Michaut).

Franchissons les millénaires pour gagner la période gallo-romaine.
Pour cette période nous n’avons guère de documents. Pourtant, Jean Pierre Michaut, infatigable chercheur, a découvert au cours de l’automne 1968 des mosaïques, des blocs de mortier, des débris de poteries très caractéristiques dans un champ, près de la Marlière, ce qui laisse croire qu’il y eut là une construction gallo-romaine

Georges Michaut ajoute… les recherches vont se poursuivre et leurs résultats seront communiqués aux  autorités intéressées.

Cette origine gallo-romaine a été confirmée par la découverte de monnaies, de poteries (hélas perdues) au cours de la construction de la ferme de M. Leduc, derrière la mairie et aussi au cours des travaux entrepris pour la construction du canal de Saint-Quentin où une ancienne voie romaine fut mise à jour entre Cantaing-sur-Escaut et Proville.
Corinne Florin, présidente de l’association Puerorum Villa et Edouard Bacquart, animateur au sein de la dite association, espèrent bien un jour jouir des autorisations et des appuis nécessaires pour aboutir à une prospection sérieuse du site de la Marlière. Ils expliquent…

                 « En bordure d’Escaut, sur le territoire de Proville, près du moulin de Cantigneul, se situe la cense de la Marlière.
Ce lieu recèle un très important site archéologique gallo-romain découvert à la fin des années 1960 par Jean-Pierre Michaut et son père Georges, maître d’école à Proville.                  
Il s’agit, d’après les nombreuses observations qui ont été faites depuis, d’une vaste villa  dont les structures en sous-sol apparaissent à l’occasion des labours.
Aucune fouille systématique n’a été réalisée à ce jour mais les prospections pédestres ont permis de recueillir un mobilier abondant très caractéristique de l’époque impériale gallo-romaine : fragments de tuiles tegula et imbrex, nombreux tessons de céramique (commune ou fine : sigillée d’Argonne ?) permettant de dater le site du Ier au IVe siècle, quelques monnaies  et surtout, découverte assez exceptionnelle, des fragments plus ou moins  importants d’une belle mosaïque. »







 au premier plan l’ancienne cense de la Marlière (années 1980, JC Annaert).






Au lieu-dit « la Marlière », traces de moellons calcaires remontés à la surface par le labour (2006, E. Bacquart







samedi 19 février 2011

l'histoire de Proville-31-La Marlière : un passé préhistorique et antique

Diverses autres pierres : racloirs, grattoirs, couteaux, pointes de flèches ou de lances furent découverts jusque derrière la ferme de la Marlière avec des variantes dans la nature du silex. Particulièrement une pointe de flèche en silex bleu offre au regard émerveillé un travail d’une telle finesse  et une telle sûreté qu’il fait penser à un maître artisan joaillier et l’on arrive à se demander comment ces hommes sans outils arrivaient à produire de tels objets.

Georges Michaut







ci-contre, « pêle-mêle », des pierres identifiées à classer












Les recherches menées par l’instituteur de Proville et son fils ont vivement intéressé divers organismes du département.
Dans « les Mémoires de la Société d’Agriculture, Sciences et Arts de Douai, 1968 » on peut lire : « J’ai recueilli avec Monsieur le Général Clerc, aux environs de Cambrai, au hameau de la Marlière à Proville, de nombreux tranchets, grattoirs et percuteurs campigniens (NDLR : outils rudimentaires assez volumineux) »
A la même époque, la « Revue du Nord », Université de Lille III, communique…
« Le site de la Marlière à Proville semble avoir été occupé intensivement dès le néolithique comme en témoigne le matériel abondant, dont une hache polie en grés, relevé en surface. »
Le quotidien Nord-matin cite le 9 mai 1968 : « Deux gisements très intéressants ont été reconnus par Monsieur Gérard Bétrancourt sur les territoires de Proville et d’Eswars. »
Notons enfin (édition du CNRS 1982) qu’  « à l’occasion des fouilles d’un important site d’habitat carolingien, les chercheurs, conduits par Madame Mireille Leduc et Monsieur Bernard Florin, ont mis au jour, bien visible dans la craie, une fosse contenant quelque matériel néolithique à Proville. » (NDLR : résidence des Sources, rue des Archéologues).

Pour la troisième année consécutive, après examen de pièces offertes –certaines étant attribuées au paléolithique supérieur- par Jean Pierre Michaut à l’association Puerorum Villa, le S.R.A (Service Régional de l'Archéologie) programme des sondages au lieu-dit « les Argilières ». Les découvertes semblent si intéressantes que le dit programme pourrait se poursuivre l’an prochain. Il apparaît que les particularités du site local méritent une étude approfondie qui devrait être communiquée ultérieurement après synthèse des diverses observations.
Affaire à suivre donc.






Août 2010

A Proville, lieu-dit « les Argilières »

Méticuleusement, les archéologues sondent le sous-sol provillois.

A l’horizon, la résidence du Bois.





vendredi 14 janvier 2011

l'histoire de Proville-30-La Marlière : un passé préhistorique et antique

LA MARLIERE :  un passé
préhistorique et antique

Lisons avec plaisir ce qu’écrivait Georges Michaut à ce sujet…
Dans cette belle et verdoyante vallée que l’Escaut fertilise, de petits villages ont vécu pendant des siècles leur humble destin. Bien que très peu célèbre leur passé est assez riche pour qu’on s’y attache à le faire revivre et connaître. « Les vieilles pierres parlent à ceux qui savent les écouter. »

Le petit village de Proville est situé en amont de Cambrai, en grande partie sur la rive droite de l’Escaut.

Des sources nombreuses et abondantes, la rivière avec ses îlots et son poisson, des bois avec du couvert et du gibier, tout cela fut sûrement très apprécié des tribus primitives qui trouvaient en cet endroit leur subsistance et une relative sécurité.
Elles y ont laissé des traces de leur séjour et de leur industrie. Des découvertes de quelques silex taillés ici et là témoignaient de la présence de populations très anciennes.

Le 9 juillet 1958, dans la parcelle 117, en bordure du chemin des Prés, le jeune Claude Lefebvre découvrit ce magnifique silex taillé (à gauche ci-dessous)  qui selon toute probabilité avait dû être logé dans un manche.



Puis Jean Pierre Michaut se mit à parcourir toutes ces parcelles pour y découvrir à son tour un morceau d’une magnifique lame en silex poli. Profitant des vacances de Pâques 1967, l’auteur et son fils découvraient dans une parcelle d’un champ appartenant à Monsieur de Valicourt et cultivé par Monsieur Panien des nucléus et un grand nombre de lames taillées ce qui laisse supposer qu’en cet endroit des hommes s’étaient installés pour y exercer leur art.
(photo ci-dessus : une des nombreuses planches réalisées par Jean Pierre Michaut avec ses « trouvailles ».)


à suivre





jeudi 13 janvier 2011

l'histoire de Proville-29-La Marlière : un passé préhistorique et antique


LA MARLIERE :
un passé préhistorique
et antique




         En introduction… un parcours initiatique proposé par Papa Charlie ; puis (page 30) les premiers pas de  l’instituteur G. Michaut et son fils en archéologie jusqu’à la découverte des richesses préhistoriques et antiques au lieu-dit « la Marlière ». La communication aux services compétents et la poursuite récente de ces recherches sous l’impulsion des associations Puerorum Villa et Camerix vont conduire à explorer plus minutieusement d’autres sites locaux…


C’est patient un grand-père, surtout quand il s’agit d’expliquer à une charmante petite tête de dix ans la chronologie de l’histoire de France.

-Tu connais, Amandine, les grandes périodes de notre histoire…
-La plus ancienne c’est la préhistoire…
-Tu me rassures ! Tu sais ce que signifie le mot « préhistoire »…
-Ben… c’était au temps des dinosaures ! Certains étaient énormes. Si j’avais vécu en ce temps-là…
-C’est ce que je craignais ! Précisons : les dinosaures vivaient bien avant les êtres humains. Ces deux espèces ne se sont jamais rencontrées.
-Et les mammouths ?
-D’accord, ils font partie de l’histoire humaine. Revenons au mot «préhistoire ». Il signifie « avant l’histoire », avant que les hommes aient pu laisser par écrit des traces de leur histoire.
-Et les femmes ?
-Tu joues, là ! Quand on parle des hommes en général il s’agit des êtres humains des deux sexes, coquine ! Récapitulons : la préhistoire avant l’histoire. L’histoire commence avec une période qui se nomme « Antiquité ».
-Oui, les Gaulois, les Romains.
-Les Romains, grands conquérants, sont chassés de la Gaule par ceux que l’on nomma « les barbares ». Une longue période commence. C’est… Je t’aide : Clovis, les châteaux-forts…
-Les cathédrales, Jeanne d’Arc… ça me revient… le Moyen Age !
-… qui dure jusqu’au temps des grands voyages, des grandes découvertes.
-Christophe Colomb… Il n’était pas Français, dommage !
-Au fait, sais-tu qu’à cette époque Proville n’était pas un village français ?
-Alors, pourquoi dois-je apprendre l’histoire de France ? Proville n’était tout de même pas en Allemagne ?
-Eh, eh… tu es tombée juste !
-Je n’y comprends plus rien.
-Je t’expliquerai !
-C’est cela…
-Bon ! Nous sommes près du but. Récapitulons, du plus ancien…
-… au plus proche de nous. Préhistoire, Antiquité, Moyen Age…
-… et les Temps Modernes qui comprennent l’Ancien Régime et la Révolution.
-C’est plutôt compliqué. J’y vais à reculons : la prise de la Bastille en 1789, d’accord, et avant, Louis XVI, Louis XV, Louis XIV, Louis XIII, Louis XII, Louis XI, Louis X, Louis IX, Louis VIII…
-Arrête ! Et pourquoi pas Louis 0 ? Le dernier roi de France du Moyen Age fut Louis XI.
-Il était laid !
-C’est tout ce que tu as retenu ? L’Ancien Régime commence avec Louis XII et François Ier. Il se termine avec Louis XVI et la Révolution.
-J’ai retenu : Préhistoire, Antiquité, Moyen Age, Temps Modernes composés de Ancien Régime et Révolution.
-Tu vois, quand tu veux. Allez, nous y arrivons. Après la Révolution… un grand homme de petite taille. Non ! Ne dis surtout pas de sottise ! Ce serait trop facile !
-Je te fais plaisir Papa Charlie. Napoléon, Cambronne et les cinq lettres,  Waterloo.
-Pas mal ! Et nous atteignons le XIXe siècle qui supprime définitivement la royauté et l’empire.
-Vive la République ! Vive la France !
-Tu ne vas tout de même pas chanter la Marseillaise ? Je devrais me mettre au garde-à-vous. Poursuivons…
-Facile. Après le XIXe siècle c’est le XXe et le XXIe.
-Tu vois que ce n’est pas si compliqué ! Allez ! Je te laisse tranquille pour aujourd’hui. La prochaine fois nous ajouterons des dates à ces périodes !

mardi 14 décembre 2010

l'histoire de Proville-18-Proville : la géologie


Fouilles archéologiques au lieu-dit « les Argilières » (2008)



Extrait d’une carte réalisée en 1966 par MM. Ch. Delattre et E Mériaux à partir des travaux réalisés par M. Leriche ; publication en 1967 par M. Jean Goguet Ingénieur Général des Mines.

Légende sommaire :
-en bleu, alluvions (correspondent au marais)
-en vert, craie (la Marlière, les Marlettes)
-en beige clair (lettres LP), des limons




coupe de terrain en concordance avec l’extrait de carte précédent





sondage réalisé avant l’implantation du « nouveau cimetière de la route de Cantaing en 1930.




excavation provoquée spontanément en avril 2005 au lieu-dit « les Riez », près de la Voie d’Hermenne.



Un ancien agriculteur de la commune n’a pas été surpris par un phénomène qu’il a connu à plusieurs reprises. S’agit-il d’effondrement provoqué par la présence de carrières ?